d-Juillet 2007 : un peu de notre histoire

Témoignage de Mélanie Masson-Jeannot, présidente fondatrice bénévole

de l'Association Enfance Handicap Moteur à l’occasion des 10 ans de
l’Association Française Pour l’Éducation Conductive, écrit en
juillet 2007.

 

D’abord je vous prie de m’excuser de n’avoir pas pu participer à cette belle journée qui vous réunit aujourd’hui. Je vous écris de Budapest pour vous expliquer COMMENT l’éducation conductive est devenue pour moi une ÉVIDENCE, comme elle le fut certainement 10 ans auparavant pour ceux qui nous reçoivent aujourd’hui.

 

En Mai dernier, à l’occasion des 2 ans de notre fille, Alice, le copain de régiment de mon mari nous téléphone de Hongrie, où il habite avec sa femme et son petit garçon du même âge.

Au fil de la conversation, nos amis comprennent les soucis importants que nous rencontrons avec Alice depuis sa naissance. Mon mari leur explique notre quotidien : Alice et moi passons nos journées à répéter un programme de stimulation multi-sensorielle, sorte de patterning doux, qui nous coupe progressivement des autres, sans pour autant obtenir de résultats significatifs. Lentement nous nous résignons à accepter que notre fille unique ne parlera et ne marchera jamais…

 

Cet appel téléphonique n’aura pas été vain puisque sa belle-mère, pédiatre en Hongrie proposa immédiatement de nous orienter vers les solutions qui existent pour nos enfants en Hongrie.   Des Solutions ? …et au pluriel en plus ??    Nous n’en revenons pas !...

 

Une fois son dossier médical traduit en Hongrois (Merci Zsuzsa !), 2 rendez-vous furent pris en Juillet dernier pour Alice à Budapest, l’un chez une kiné pratiquant les massages Dévény, l’autre à l’Institut Petö pour l’éducation conductive. Je n’avais pris que 2 billets aller, sans le retour ; ne sachant pas si Alice serait acceptée au camp d’été de l’institut Petö…

 

Au bout de 4 massages Dévény, ma fille qui mettait 1h30 pour manger 130g, mangeait désormais en 60 minutes ! Je n’arrivais moi-même pas à le croire et n’osais pas le dire trop vite à ma famille !

 

Arrivée à l’Institut Petö, je découvre pour la première fois, d’autres enfants comme Alice, -ici ils ne portent pas le nom d’IMC mais de CP, Cerebral Palsy child-. Tous  sont plus âgés qu’elle et je suis stupéfaite de les entendre se parler. Je passe de longues minutes à les observer assis tous seuls en train de manger puis repartir en se levant de table vers leur déambulateur ou leurs canes.   Je reste ébahie !

 

Ces enfants à qui la France ne promet aucun avenir m’expliquent très vite en anglais (car en plus, ils parlent des langues étrangères !) qu’ils se sentent ici un peu comme en colonie de vacances et qu’ils aiment se retrouver entre eux pour apprendre de nouvelles choses.

Ils me répètent sans cesse de faire confiance à Alice. Il faut croire qu’ils sentaient que peu de temps avant de les rencontrer, j’étais déjà prête à baisser les bras ?

 

Tout me semble alors si clair !

Enfin j’avais trouvé LA méthode qui correspondait à MA fille !

 

Les conductrices, sans être médecins, me semblent en connaître bien plus long sur ma fille que tous les spécialistes que j’avais pu jusqu’alors rencontrer en France …

 

Je me rue sur Internet pensant que j’avais dû mal chercher, que ça n’était possible, l’éducation conductive DEVAIT exister en France !

 

Et je découvre l’AFPEC ...     

L’émotion me gagne devant le blog d’Ulysse…


Je décide de prendre contact et fais alors connaissance avec ces pionnières qui 10 ans avant moi avaient parcouru le même chemin....


A vous Martine (Hérisson) et Christine (Durieux), je dis Bravo !

Bravo d’avoir tenu la barre pendant ces 10 dernières années !


A la famille Levasseur, je dis MERCI. Merci à toi Ulysse de m’avoir redonné l’espoir les soirs de solitude à Budapest. Merci à toi Florence, pour ces petites tranches de vie partagées avec nous qui sont porteuses de tant d’espérance !

 

Si vous l’acceptez, la relève arrive à vos côtés avec Enfance Handicap Moteur et j’espère qu’ensemble nous serons plus forts pour faire enfin reconnaître ce qui dans tant d’autres pays est déjà une évidence : l’Éducation CONDUCTIVE FONCTIONNE.

Elle n’a rien d’un remède miracle mais elle est pourtant exactement appropriée pour nos enfants !!

 

Retour à Budapest par ce mois de juillet 2007 où la température intérieure atteint certains jours les 43°C et où je décide pourtant de rester 4 semaines tant je sens que nous nous trouvons là où Alice a besoin d’être. Je pense alors à tous les autres parents d’enfants ayant manqué d’oxygène qui n’ont pas la chance d’avoir un copain de régiment marié à une Hongroise dont la mère est pédiatre (…) et je me sens le devoir de communiquer sur ma  découverte’.

 

J’appelle d’abord ma voisine Carine, maman de Nicolas et lui dis de se rendre à Laval pour une évaluation. Puis je passe un premier témoignage dans le magazine Déclic et c’est incroyable ! ….


Tous les jours quasiment je reçois un email de demande de renseignements de parents souvent démunis devant la maigre rééducation proposée à leur enfant ! Le décalage entre la prise en charge française et hongroise me semble abyssal.


Cette injustice m’est insupportable : NOUS DEVONS APPORTER LA MÉTHODE PETO EN FRANCE… Nous allons monter un groupe PERMANENT d’éducation conductive à Pouilly-sur-Loire ! (58)

 

L’idée fait son chemin... Je me dis alors qu’il faudra nous battre, mais que nous y arriverons car nos enfants ont déjà relevé des combats beaucoup plus ambitieux ! Regardez combien de fois ils nous ont prouvé qu’il n’existe pas de combat perdu !

 

En France, surmonter le handicap moteur est soit-disant impossible.

En Hongrie, 3 générations de médecins ont déjà prouvé à l’Institut Petö que contourner ce handicap EST POSSIBLE.

  

Gardez confiance.

Gardez confiance en VOUS.

Gardez confiance en VOS ENFANTS.

 

Le chemin est long mais la victoire sera au bout. 
L’éducation conductive  TROUVERA, en France,
la place qui lui revient.
   

Mélanie Masson-Jeannot,
juillet 2007

Publié dans Notre Histoire

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